GUERRES & RÉVOLUTION FRANÇAISE
De l'Époque Contemporaine à l'Époque Moderne
La guerre de Cent Ans
La guerre de Cent Ans est l'un des plus célèbres conflits du Moyen Âge. Elle oppose les rois de France de la dynastie des Valois aux rois d'Angleterre pour la possession du royaume de France. Le conflit peut se diviser en deux périodes au cours desquelles le trône de France est sur le point de basculer sous la tutelle anglaise, avant d'observer une reconquête quasi-totale.
A chacune de ces périodes, une figure emblématique, un héros, incarne le sursaut français :
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La première période du conflit voit l'Angleterre victorieuse à Crécy et à Poitiers où le roi de France est capturé. Le sursaut français s'effectue grâce au connétable Bertrand du Guesclin et à son roi Charles V.
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La seconde période du conflit voit naître une guerre civile : les Armagnacs contre les Bourguignons. Cette lutte favorise l'Angleterre, victorieuse à Azincourt. Le trône est alors promis au roi d'Angleterre.
C'est Jeanne d'Arc qui déclenchera le réveil des forces françaises et leur course vers la victoire.
Cette guerre qui dura en réalité 116 ans est l'un des plus célèbres conflits du Moyen Âge. Elle oppose les rois de France de la dynastie des Valois aux rois d'Angleterre pour la possession du royaume de France. Elle commença en 1337 lorsque le roi d'Angleterre réclama la couronne de France et se termina en 1453 par la victoire française.
Au début du quatorzième siècle, en 1337, le roi d'Angleterre, Édouard III, un Plantagenêt, revendique le trône de France à son cousin, Philippe VI, un capétien. Édouard III d'Angleterre est le fils d'Isabelle, princesse capétienne. Un siècle de lutte entre Français et Anglais qui dura bien plus de cent ans (116 ans : de 1337 à 1453).
L'origine de la Guerre - Un siècle de lutte entre Français et Anglais -
La longue période de lutte entre la France et l'Angleterre. Cinq rois de France et autant de souverains anglais se trouvèrent successivement engagés dans ce duel. Trois générations entières vécurent dans un perpétuel climat de troubles et de combats. La guerre de Cent Ans se décompose en une série de batailles, séparés par des périodes de paix relative, ou de trêves. Et quand cessaient les combats, les pillages, la famine ou la peste achevaient de ruiner villes et campagnes. Si l'Angleterre ne fut pas épargnée par cette guerre, la France, sur le sol de laquelle se déroulèrent les batailles, fut plus atteinte que sa rivale. Elle finit cependant par avoir le dessus. Mais les deux belligérants sortirent profondément changés de ce conflit séculaire.
Les souverains protagonistes :
France Angleterre
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Philippe VI de Valois - Edouard III (Plantagenêt)
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Jean II le Bon - Richard II (Plantagenêt)
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Charles V le Sage - Henri IV (Lancastre)
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Charles VI le Fol - Henri V (Lancastre)
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Charles VII le Victorieux - Henri VI (Lancastre)
Dernier Roi des Capétiens directs
Les trois prétendants
A la mort de Charles IV le Bel, dernier des Capétiens directs, trois prétendants ont des droits équivalents à la couronne :
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Philippe, comte de Valois : A la mort de Charles IV, il devient le Régent du royaume, ce qui lui donne un sérieux avantage pour la suite.
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Edouard III d'Angleterre : Il est difficile de mettre un noble anglais sur le trône de France, et pourtant à cette époque, la cour anglaise parle le français, héritage de la conquête normande de Guillaume le Conquérant.
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Philippe d'Evreux : Devenu roi de Navarre, il revendique la couronne selon les droits de sa femme.
En 1337, le roi d'Angleterre, qui est très puissant, revendique le royaume de France. C'est le début d'un long conflit, la guerre de Cent Ans. L'armée d'Angleterre, moins nombreuse mais mieux organisée, est d'abord victorieuse.
1340–1360 : les défaites françaises
Pendant la première période de la guerre de Cent Ans, les Français subissent une série de défaites entre plusieurs trêves : ils perdent la bataille navale de l'Écluse en 1340, laissant ainsi les Anglais libres de leurs mouvements entre leur île et le continent.
En 1346, le roi Édouard III fait une chevauchée dévastatrice depuis la Normandie vers le nord du royaume. Lancé tardivement à sa poursuite, Philippe VI perd la bataille de Crécy (1346) et Calais (1347) devient un port anglais.
En 1355, le Prince Noir, fils d'Édouard III, à partir de Bordeaux, fait une chevauchée dévastatrice en Aquitaine puis en 1356, en direction de Paris. Venant à sa rencontre, le roi Jean II le Bon est fait prisonnier à la bataille de Poitiers.
Il est emmené à Londres. Il est contraint d'accepter la signature du traité de Brétigny en 1360. La France cède à l'Angleterre en toute souveraineté le duché de Guyenne agrandi ; en échange, Édouard III renonce à la couronne de France.
1360–1386 : la reconquête sous Charles V
La deuxième période de la guerre est marquée par des succès français. Bertrand Du Guesclin, chef de l'armée française (connétable) refuse les batailles rangées mais harcèle sans trêve les Anglais (guérilla). Les Anglais perdent une grande partie de leurs possessions d'Aquitaine. La guerre semble terminée. Il fortifie également toutes des villes comme Paris. C’est un roi très sage et ne fonctionnait pas comme Jean II le bon qui, lui, fonçait tête baissée. Grâce à l'action de Du Guesclin, les Anglais sont repoussés en 1380. Malheureusement, profitant de la faiblesse du roi de France, les Anglais regagnent du terrain.
1386–1428 : les troubles et l'éclatement du royaume de France
Sous le règne de Charles VI, le royaume de France tombe à nouveau dans le désordre. Le roi de France est en effet frappé de crises de folie intermittentes et son entourage se déchire pour exercer le pouvoir : le pays sombre dans une guerre civile qui oppose deux clans : les Armagnacs (partisans du dauphin Charles, fils de Charles VI) et les Bourguignons (partisans du duc de Bourgogne, cousin du roi, soutenu par la reine Isabeau de Bavière). Ces derniers finissent par s'allier aux Anglais en 1414.
1415 : La bataille d'Azincourt (Artois) se déroule le vendredi 25 octobre. Les troupes françaises, fortes de quelque 18 000 hommes, tentent de barrer la route à l'armée du roi d'Angleterre Henri V, forte d'environ 6 000 hommes et qui tente de regagner Calais, devenue anglaise depuis 1347, et donc, par là même, l'Angleterre.
Cette bataille, où la chevalerie française est mise en déroute par des soldats anglais inférieurs en nombre, est souvent considérée comme la fin de l'ère de la chevalerie et le début de la suprématie des armes à distance sur la mêlée, qui se renforcera avec l'invention des armes à feu. Elle est, en réaction, une cause majeure de l'épopée de Jeanne d'Arc, puis de l'investissement dans l'artillerie qui deviendra une spécialité française.
Après le désastre pour la chevalerie française de la bataille d'Azincourt en 1415, le roi d'Angleterre Henri V conquiert tout le nord de la France puis prend Paris. Le traité de Troyes, signé en 1420, déshérite le dauphin Charles. Le roi de France marie sa fille à Henri V qui est désormais reconnu comme régent de France et héritier du trône. Le nord-est du pays est sous domination bourguignonne et seules les régions du sud obéissent au dauphin Charles qui à la mort de son père, en 1422, prend le titre de roi de France (Charles VII).
En 1420, la France n'existe plus, le roi fou Charles VI et sa femme Isabeau de Bavière ont déshérité leur fils Charles au profit du roi d'Angleterre. Après l'assassinat de son père, Jean Sans Peur, le duc de Bourgogne Philippe III le Bon s'est allié à Henri V.
En 1424, les Anglais envahirent le domaine de Charles et mirent le siège devant Orléans, ville-clef pour le passage de la Loire. Une fois la ville tombée, ils pouvaient facilement conquérir le reste du pays. Mais Orléans ne tomba pas, grâce à une paysanne ignorante de dix-huit ans : Jeanne d'Arc.
1428–1453 : le renforcement et la victoire du roi de France
En 1428, les Anglais font le siège de la ville d'Orléans, favorable au roi Charles VII et qui tient le passage de la Loire. Charles VII bénéficiera du soutien de Jeanne d'Arc, dont les victoires sur les Anglais lui ouvriront le chemin de Reims, où, appelé jusque-là le « roi de Bourges », il se fit sacrer en 1429.
En 1429, alors que la situation semble désespérée, une jeune fille de Lorraine, Jeanne d'Arc, se rend auprès du dauphin Charles à Chinon. Elle le convainc de lui confier des troupes, qui vont délivrer Orléans. Elle reprend la ville d'Orléans aux Anglais et fait sacrer le roi à Reims.
Les Anglais reculent vers le nord et le roi est sacré à Reims le 17 juillet 1429 : il devient officiellement Charles VII. Jeanne d'Arc tente de s'emparer de Paris qui la repousse, elle est capturée par les Bourguignons à Compiègne. Faite prisonnière, ces derniers la livrent aux Anglais qui la condamne au bûcher à Rouen où elle y est brûlée vive.
Charles VII le Victorieux (1403 - 1461). Charles VII réorganise son armée et finit par reprendre Paris en 1436, la Normandie en 1450 et la Guyenne en 1453. Charles VII achève de chasser les Anglais hors de France en 1453. Les Anglais ne conservent que Calais.
Jeanne d'Arc
Jeanne d'Arc a sauvé les Français des Anglais. Elle prétendait avoir entendu les voix de Dieux qui lui commandaient d’aller sauver la France. Elle a reçut la permission de Charles VII pour aller libérer la ville d’Orléans.
Capturée à Compiègne par les Bourguignons, elle est faite prisonnière et livrée aux Anglais, qui la jugent à Rouen où elle est condamnée au bûcher. Elle est brûlée vive à Rouen le 29 mai 1431.
L'impulsion donnée par Jeanne se poursuivit après sa mort ; ainsi, en 1453, les Anglais ne conservaient plus que Calais. Charles VII fortifia l'autorité royale par la création d'une armée permanente (francs archers, compagnies d'ordonnance) et d'impôts permanents (taille, aides). La pragmatique sanction de Bourges en 1438 restreignit le pouvoir du pape sur l'Église de France.
En France
La guerre a provoqué d'importantes destructions dans le royaume de France. Elle a aussi fait naître le sentiment national, incarné par Jeanne d'Arc. Louis XI fils de Charles VII va créer une armée professionnelle. Pour maintenir cette armée, il lève des impôts permanents la gabelle (sel) et la taille (récoltes). Louis XI et ses successeurs ont par la suite unifié et pacifié le royaume de France.
En Angleterre
Vaincu le roi d'Angleterre renonce à ses terres continentales. La royauté anglaise va entrer en crise. Des clans de la famille royale vont se déchirer pour prendre le pouvoir (guerre des Deux-Roses). La famille Tudor à la fin du XVe siècle remplace la dynastie des Plantagenets.
La Révolution française Louis XVI
La Révolution française a impliqué bon nombre de protagonistes, qu'ils soient révolutionnaires ou défenseurs du pouvoir royal. Mais certains ont, plus que d'autres, marqué l'Histoire.
La période appelée Révolution française se situe entre 1789 et 1799. En cette fin du XVIIIe siècle, la France souffre d'une crise économique grave. La Révolution, qui a aboli la monarchie et inventé de nouveaux rapports sociaux, est aussi associée à la guerre civile et à des guerres de conquête.
Robespierre, icône de la Révolution
Comment ne pas citer celui par qui la Révolution a basculé dans la Terreur ? Robespierre, élu député du tiers état, puis de la Convention, reste à ce titre la figure révolutionnaire la plus marquante, principal instigateur d'une fuite en avant vers la violence et la répression systématique de tout opposant à la République à partir de 1793. Parmi ses opposants les plus évidents, on trouvera des incarnations de l'Ancien Régime, comme Louis XVI, roi déchu en 1792, et son épouse Marie-Antoinette, tous deux conduits à l'échafaud.
De Danton à Bonaparte
Mais Robespierre s'attaqua aussi à certains de ses anciens partisans, députés Montagnards, tels que Danton, Marat ou Desmoulins, autres figures emblématiques. Danton et Desmoulins, acteurs pourtant essentiels de la Révolution et des avancées républicaines, furent guillotinés pour s'être opposés à la Terreur, tandis que Marat est resté tristement célèbre en finissant assassiné dans sa baignoire. Peu après la Terreur, la période du Directoire (1795-1799) verra enfin l'apparition et la montée en puissance d'un autre nom ô combien célèbre : Napoléon Bonaparte.
La plupart des célèbres figures de la Révolution française ont été guillotinées. C'est le cas de Louis XVI, Marie-Antoinette, Danton, Robespierre, Desmoulins, Brissot ou encore Barnave.
Marat
Les causes de la Révolution française
Les origines de la Révolution française sont multiples, d'ordre social, économique et politique. Les événements de 1789 furent de fait une conjonction de plusieurs facteurs conjoncturels, liés à la période, et structurels, ancrés plus profondément dans la société.
Avant que la Révolution française n'éclate, les gens vivaient dans une société que l'on appelle "ancien régime". Dans ce système existait trois catégories de personnes aussi appelées ordres. Le Tiers État représentait la majorité de la population : les paysans, les artisans, les commerçants, c'était une catégorie généralement très désavantagée et pauvre. Le clergé représentait tous les hommes d'église. Les nobles représentaient les familles les plus aisées et ayant un titre de noblesse comme les seigneurs.
Le Tiers État est le seul ordre à payer de lourds impôts pour financer les guerres du royaume tandis que le clergé et les nobles ne payent rien grâce à leur statut privilégié. A force de payer toutes ces lourdes taxes, la situation du peuple ne cesse de s'aggraver, le plongeant dans la misère et la famine tandis que les nobles et le clergé vivent sans contraintes et dans l'opulence. Une crise financière en 1788 mettra le feu aux poudres et provoquera le soulèvement du peuple qui ne supporte plus les inégalités.
Aux armes citoyens
Des émeutes dans les campagnes
Il y a, dans les années précédant la Révolution, un climat social tendu ainsi qu'une défiance croissante du peuple à l'égard de la monarchie absolue de droit divin. Au siècle des Lumières, cette société d'ordres est considérée comme archaïque, responsable d'une extrême pauvreté du Tiers État (98 % de la population) et d'épisodes de famine marquants. Associée à des hivers très rudes, de mauvaises récoltes et une forte hausse du prix du pain entre 1787 et 1789 (+75 %), la crise alimentaire entraîne des émeutes dans les campagnes françaises.
Le Tiers État prend les commandes
Malgré un royaume de France très endetté en 1789, il est hors de question pour le peuple de s'acquitter de nouveaux impôts. Face à la grogne populaire et à une situation économique au bord du gouffre, Louis XVI convoque les états généraux pour le 1er mai 1789.
Le Tiers État ne tarde pas à défier le pouvoir monarchique en se déclarant Assemblée nationale constituante dans une grande ferveur populaire. Les mesures royales pour contrer cette résistance entraîneront dès lors l'étincelle de la Révolution française, avec la prise de la Bastille le 14 juillet.
L'assemblée constituante décrétée par le Tiers-État prêta serment, le 20 juin 1789, de ne pas se séparer avant d'avoir donné une constitution à la France. C'est le fameux serment du Jeu de paume, du nom de la salle où l'Assemblée a tenu ses délibérations.
Chronologie des États généraux à la chute de Robespierre
Des grandes figures de la Révolution aux journées révolutionnaires
* Les États généraux et le serment du Jeu de paume
Le 5 mai 1789 s’ouvrent les États généraux réunissant les ordres du clergé, de la noblesse et du Tiers état.
Ouverture des États Généraux : Le roi Louis XVI ouvre les états généraux à Versailles. C'est le dernier moyen qui lui reste pour tenter de sauver le royaume de la faillite en faisant voter de nouveaux impôts.
Dans toute la France, des représentants des 3 ordres (Tiers État, noblesse et clergé) sont élus et écrivent leurs demandes au roi sur des cahiers de doléances.
Sur 1139 députés, 291 appartiennent au clergé, 270 à la noblesse et 578 au Tiers État. Le clergé et la noblesse souhaitent que le vote ait lieu par ordre, ce qui leur assure la majorité (à deux contre un), le tiers état réclame le vote par tête, ce qui lui assurerait l'égalité. Les esprits s'échauffent et Louis XVI (qui est incapable de prendre une décision) choisit de faire fermer la salle des états à Versailles. Les députés du Tiers Etat décident de se réunir dans une autre salle, celle du Jeu de paume.
20 juin 1789 : Réunis dans cette nouvelle salle, ils décident de ne pas se séparer avant d'avoir rédigé une constitution pour le pays (ensemble de lois précisant comment gouverner le pays) : c'est le Serment du Jeu de Paume. Ainsi est née l'Assemblée nationale. C'est aussi le début de la Révolution.
9 juillet 1789 : L'Assemblée nationale devient Assemblée constituante.
* La prise de la Bastille
Le 14 juillet 1789, la prise de la Bastille marque la première journée révolutionnaire d'insurrection populaire et symbolise immédiatement la fin de l'Ancien Régime. L'année suivante la fête de la Fédération célèbre cet évènement.
Le peuple de plus en plus agité et maintenant menacé par ces soldats, s'empare de milliers de fusils et de quelques canons aux Invalides. La foule s'empare ensuite de la Bastille pour se procurer des munitions et pour "casser" l'image de cette vieille forteresse qui symbolisait les abus de pouvoir du roi Louis XVI qui apprenait la nouvelle le 15 juillet au retour d'une chasse parut étonné : "C'est une révolte !" dit-il "Non Sire c'est une révolution ...". La Bastille sera entièrement détruite dans les mois qui suivront…
Nuits du 4 au 5 août 1789 : Depuis quelques jours, les paysans se retournent contre les châteaux et les seigneurs en demandant l'abolition des droits seigneuriaux. Plusieurs centaines de châteaux seront pillés et brûlés. Le 5 août, c'est l'abolition des privilèges de la noblesse et du clergé.
* La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen
La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, adoptée le 26 août 1789, pose les fondements sur lesquels bâtir les nouvelles institutions. C’est la fin de l’ancien régime, l'Assemblée constituante vote la Déclaration de l'homme et du citoyen qui sert d'introduction à la nouvelle constitution et affirme que tous les hommes sont libres et égaux devant la loi. La constitution est établie : le pouvoir est partagé entre le roi et une assemblée élue.
5 et 6 octobre 1789 : Le 5 octobre au matin, 7000 à 8000 femmes menées par un des vainqueurs de la Bastille, Maillard, marchent sur Versailles pour réclamer du travail et du pain (qui devient rare et cher à Paris).
Le 6 octobre, la foule pénètre dans le château et réclame le roi au balcon. Il s'exécute et la foule lui crie alors "A Paris !" Le roi et sa famille quittent alors le château de Versailles pour Paris (Palais des Tuileries) où le peuple pourra le surveiller de près !
LA VICTOIRE DES RÉVOLUTIONNAIRES
14 juillet 1790 : Une grande fête de la Fédération célèbre l'union de tous les Français : le roi et l'Assemblée prêtent serment à la Constitution.
LA CHUTE DU ROI
20 juin 1791 : Le roi accepte mal les nouvelles mesures. Il essaie (avec sa famille) de s'enfuir à l'étranger sous une fausse identité mais il est arrêté à Varennes et ramené rapidement à Paris.
Son but était de rejoindre les abords du Luxembourg à Montmédy : de là, il voulait constituer une armée (avec l'aide des Prussiens et des Autrichiens) et du général français Bouillé pour revenir à Paris et mettre fin à la Révolution !
Après cet événement, les rapports entre le roi et les Français se détériorent.
Septembre 1791 : L'Assemblée constituante se sépare; les Français élisent une Assemblée législative pour gouverner.
Révolution et esclavage
Dans les colonies françaises, essentiellement situées aux Antilles, les planteurs esclavagistes tentent d'empêcher la propagation des idéaux révolutionnaires et sous leur influence l'Assemblée constituante légalise l'esclavage en mai 1791.
Mais au cours de l'été 1791 à Saint-Domingue, éclate une insurrection d'esclaves qui réclament leur libération et l'égalité en s'appuyant notamment sur la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. C'est la Convention montagnarde qui, en pleine période de la Terreur, décrète l'abolition de l'esclavage, le 16 pluviôse an II le 4 février 1794.
* La France en guerre
Le 20 avril 1792, l'Assemblée législative déclare la guerre au « Roi de Bohême et de Hongrie » c'est-à-dire à l'empire d'Autriche auquel s'allie en juillet le royaume de Prusse. Les armées de la coalition franchissent les frontières de l'Est quelques mois plus tard mais sont arrêtées à Valmy le 20 septembre. En février 1793, la situation est à nouveau critique et les frontières sont forcées de toute part par les armées des dynasties européennes.
* La seconde révolution
Le 10 août 1792 débute l'une des journées les plus emblématiques de la Révolution française : la prise du palais des Tuileries, suivie de l'emprisonnement de Louis XVI et de sa famille au Temple. Cette journée marque la fin de fait de la monarchie constitutionnelle.
* La violence révolutionnaire
L’établissement d’un nouvel ordre social s’accompagne de violences qui se manifestent dès les débuts de la révolution : violences insurrectionnelles, violences répressives, violence contre l’ordre ancien.
Parmi celles-ci, il y a eu, en septembre 1792, d’importants massacres perpétrés dans les prisons de Paris.
Louis XVI et Marie-Antoinette
Les dernières années du règne du Louis XVI et de Marie-Antoinette sont marquées par la Révolution française et la fin de la monarchie absolue de droit divin. Le couple royal qui avait tenté en juin 1791 de fuir à l'étranger mais qui avait été arrêté à Varennes. Après le 10 août 1792, Louis XVI et Marie-Antoinette sont incarcérés et accusés notamment d'avoir manœuvré avec les puissances étrangères contre la Révolution.
Louis XVI est condamné à mort et guillotiné le 21 janvier 1793. Marie-Antoinette est exécutée le 16 octobre 1793.
Insurrections et guerre de Vendée
La levée en masse décrétée en février 1793 suscite une certaine hostilité dans les campagnes, qui bascule en insurrection dans certaines régions. L’insurrection touche la Bretagne, la Vendée et une partie de l’ouest de la France et finit par se transformer rapidement en guerre civile.
La Terreur
De septembre 1793 jusqu’à la chute de Robespierre le 9 Thermidor, dans un climat de guerre civile et de guerre aux frontières, est instauré un régime d’exception, la Terreur.
Politique intérieure : la chute de Robespierre
Après avoir fait guillotiner les Girondins, les Montagnards s'entretuent également. Robespierre et le Comité de salut public décident de faire exécuter Danton, Camille Desmoulins et leurs partisans car ils sont considérés comme trop indulgents et souhaitent la fin de la Terreur.
Économiquement, la France est à bout de souffle, son économie est ruinée par les guerres, la Terreur et par la mise en place des « assignats » (une monnaie mise en place en 1791, gagée sur les biens nationaux, issus de la saisie des biens de l'Église en 1790). Cette nouvelle monnaie censée renflouer les caisses de l'État est un échec complet.
Lassés par sa dictature et par la Terreur, de nombreux députés se liguent contre Robespierre et ses proches, comme Saint-Just. Ils sont arrêtés le 27 juillet 1794 (9 thermidor an II selon le calendrier républicain) et guillotinés le lendemain.
Les thermidoriens et le Directoire
Les vainqueurs de Robespierre, surnommés les « Thermidoriens », libèrent les suspects et mettent fin à la Terreur.
C'est le soulagement dans tout le pays. Mais il est de courte durée. Parmi les nouveaux dirigeants, beaucoup (Fouché, Carrier, Barras...) ont outrepassé les consignes officielles et massacré plus que de raison. Ils n'ont abattu Robespierre que pour éviter d'être eux-mêmes abattus. Ils tiennent par-dessus tout à empêcher la restauration de la monarchie qui les priverait de leurs richesses mal acquises, voire de leur liberté ou leur vie.
Les royalistes, majoritaires dans le pays, se prennent à rêver à la restauration d'un roi cependant que le malheureux Louis XVII (le jeune fils de Louis XVI) meurt au Temple le 8 juin 1795. Les Jacobins, de leur côté, ne désespèrent pas de revenir au pouvoir. Les royalistes projettent un soulèvement mais il est réprimé avec énergie le 5 octobre 1795 (13 Vendémiaire An IV) par un jeune général inconnu de 26 ans au nom de Napoléon Bonaparte, ancien partisan de Robespierre. Il fera à nouveau parler de lui...
Le danger monarchiste ayant été écarté, la nouvelle Constitution entre en vigueur le 26 octobre 1795. Elle met en place un nouveau régime, le Directoire en 1796.
Affaires étrangères
Le général le plus efficace dans cette tâche est Napoléon Bonaparte à la tête de son armée d'Italie. À la tête de ses armées, il conquiert en 1796 l'Italie du nord et l'Italie centrale, qui regorgent de richesses.
Le 18 octobre 1797, il impose la paix à l'Autriche par le traité de Campoformio, mettant fin à la première coalition.
Malgré une politique intérieure modérée, le Directoire ne peut renoncer à la poursuite de la guerre. Non seulement il compte sur les tributs prélevés dans les pays conquis mais il veut aussi à tout prix conserver les principales conquêtes de la Révolution : la Belgique et la rive gauche du Rhin.
Politique intérieure : le régime aux abois
La République française aborde l'année en position désespérée. Le régime est aux abois, ses ennemis de la deuxième coalition croient déjà triompher et les Bourbons sont persuadés de reprendre bientôt le pouvoir... Pour pallier au manque de volontaires, le gouvernement instaure la conscription obligatoire par la loi Jourdan du 5 septembre 1798.
La déchéance du Directoire
Les Directeurs ont voté la mort de Louis XVI et veulent à tout prix éviter une restauration monarchique qui signerait leur perte. Sur une idée de l'abbé Sieyès, ils préparent un coup d'état pour renverser le régime instable du Directoire et consolider la République.
Le complot a besoin pour cela d'un général populaire et glorieux. Justement, Bonaparte a débarqué à Fréjus le 8 octobre 1799, de retour d'Égypte où il a mené une campagne militaire désastreuse mais remplie d'exotisme et embellie par la propagande. Les conspirateurs se tournent vers lui.
Par le coup d'État des 9 et 10 novembre 1799 (18 et 19 Brumaire an VIII selon le calendrier révolutionnaire), Napoléon Bonaparte renverse le Directoire et établit un nouveau régime dans lequel il exerce un pouvoir dictatorial : le Consulat.
On peut à ce moment considérer que la Révolution française est terminée. Malheureusement, la poursuite de la guerre pendant quinze années de plus va entraîner la France et l'Europe dans des bouleversements et des tragédies dont elles se seraient volontiers passées.
Deux millions de morts : tel semble être, aux seuls dépens de la France, le coût des guerres de la Révolution et de l'Empire. Deux millions de Français, jeunes pour la plupart, tombent sans postérité. Leur disparition, et du même coup celle des Français qui auraient dû être leurs enfants et petits-enfants, pèseront sur toute la démographie du siècle, et l'appauvriront.
« La guerre n'est plus la seule affaire des professionnels : tout le peuple, levé en masse, est appelé à prendre sa part des honneurs et des horreurs du combat. C'est la promotion démocratique de l'holocauste. »
« C'en est fini des armées de métier, formées de nobles et de mercenaires. Le peuple entier est appelé à mourir sur les champs de bataille. La Révolution égalitariste banalise un privilège jusqu'alors réservé à quelques-uns. Elle démocratise la gloire et le trépas. »
Deux millions : c'est à peu près autant que ce que coûteront ensemble à la France les deux conflits les plus meurtriers de l'histoire, ceux de 1914 et de 1940. Mais le sacrifice est plus lourd quand il frappe un peuple de quelque 27 millions d'hommes, que s'il se rapporte à 40 millions de citoyens.
RÉVOLUTION FRANÇAISE
1914 - 1918 La Grande Guerre ou Première Guerre mondiale
La Première Guerre mondiale (surnommée la Grande Guerre) est un conflit majeur qui eut lieu de 1914 à 1918, surtout en Europe de l'ouest et en Europe orientale et balkanique. Du 28 juillet 1914 au 11 novembre 1918 en Europe, Afrique, Asie, Moyen-Orient, océan Atlantique et Pacifique.
De 1914 à 1918, l'Europe et une partie du monde s'engagent dans la première guerre totale de l'histoire. Chacun des pays belligérants mobilise l'ensemble de ses moyens militaires, politiques mais aussi industriels pour l'emporter, au prix d'importantes conséquences sociales et matérielles pour les populations civiles.
C'est une guerre qui a concerné la plupart des pays de l'époque (Allemagne, France, Royaume-Uni, Russie, Japon, États-Unis et colonies), et a mérité le nom de guerre mondiale à partir du début de 1918.
C'est aussi une guerre qui a engagé des soldats venant de l'ensemble de la population (la plupart des familles avaient un ou plusieurs membres qui y ont participé) et dans laquelle tous les efforts d'un pays étaient engagés : c'est une guerre totale.
1914 - L'étincelle qui va ruiner le Vieux Continent survient à Sarajevo, capitale de la Bosnie-Herzégovine, une possession de l'Autriche-Hongrie : le 28 juin 1914, un terroriste serbe tue l'archiduc Ferdinand, héritier de la couronne austro-hongroise, et sa femme.
Le 28 juin 1914, fut l'évènement déclencheur d'une grande crise diplomatique entre l'Autriche-Hongrie et le royaume de Serbie. Diverses alliances internationales s'étaient forgées depuis des décennies et suite à l'ultimatum lancé par l'Autriche-Hongrie, toutes les grandes puissances européennes se retrouvèrent en guerre et le conflit s'est généralisé à d'autres zones géographiques tel un jeu de quilles.
L'empereur autrichien François-Joseph 1er se dispose à donner une leçon à la Serbie. La Russie apporte son soutien à cette dernière, par solidarité slave. La France se sent obligée d'apporter sa garantie à la Russie. L'Allemagne, de son côté, se doit de soutenir l'Autriche... C'est ainsi que l'équilibre européen va être victime de ses systèmes d'alliance.
Chronologie de la Première Guerre mondiale
Avant la guerre
Au début du XXe siècle, l’Europe domine le monde. La vie est facilitée par les progrès techniques et scientifiques.
Les déplacements se font en voiture ou à bicyclette, on améliore son confort… La France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne souhaitent devenir encore plus puissantes. Ces pays ont conquis le monde entier pour répondre à leurs besoins en matières premières et manifester leur force. Ainsi, l’Europe se partage l’Afrique, l’Inde et l’Océanie. Mais les tensions montent…
Le 3 août 1914 l'Allemagne déclare la guerre à la France.
La formation des alliances
Les pays créent des alliances pour protéger leurs intérêts :
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L'Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l'Italie forment la Triple Alliance.
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La France, la Grande-Bretagne et la Russie constituent la Triple-Entente.
Les Commandants Français
Raymond Poincaré, Georges Clemenceau, Joseph Joffre, Ferdinand Foch et Philippe Pétain.
La guerre éclate
En 1914, la situation en Europe est très tendue. L’assassinat, à Sarajevo, de l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône de l’Autriche-Hongrie, et de son épouse est l’événement déclencheur de la guerre.
Au début, on considère l’attentat comme une simple crise dans les Balkans. Très vite, l’Allemagne soutient les Austro-hongrois et la Russie souhaite défendre la Serbie. L’engrenage des alliances se met en place. La guerre, qui menace depuis plusieurs années, éclate.
La mobilisation - Le 1er août 1914, en milieu d'après-midi, le tocsin alerte les populations
Les soldats mobilisés le 2 août 1914 sont prêts à en découdre avec l’ennemi mais ce qui les attend avant de connaître le baptême du feu, c’est la marche à pied. Et tous, bourgeois, paysans, ouvriers, ne sont pas égaux devant l’effort…
La fleur au fusil
On est en été, les hommes, encouragés par leurs proches, partent à la guerre. Tous pensent que la guerre ne durera pas plus de trois mois. Les Russes, Français et Britanniques pensent gagner la guerre en quelques batailles. Les Allemands, quant à eux, envisagent d’attaquer la France au plus vite, avant que l’armée russe ne soit opérationnelle.
Or, l’Allemagne n’envisage pas l’entrée en guerre du Royaume-Uni.
1914 - Les premiers mois de guerre "guerre de mouvement"
1er août 1914 : les Allemands arrivent au Luxembourg. Le 2 août, ils entrent en Belgique, pays qui s’était déclaré neutre. Tandis que la défense française est concentrée dans les régions de l’Est (Vosges et Ardennes), les Allemands se rassemblent au nord, du côté de la Belgique. L’armée française se retrouve vite menacée d’encerclement. À l’Est, les Russes créent la surprise en attaquant très tôt. La guerre prend alors un tournant inattendu : après les offensives violentes des premiers jours de combats, les fronts se stabilisent.
EN ROUTE - 15 août 1914
...Nous marchons depuis quatre jours. Nous avons fait déjà environ 80 kilomètres. Marcher ne serait rien. Mais il y a le sac, et le sac est lourd. Vous n’imaginez pas ce qu’il est lourd! Ce n’est pas le sac auquel nous étions accoutumés comme soldats. Dans celui que nous portons aujourd’hui, le long des routes, nous avons mis d’abord tout ce que les règlements militaires nous prescrivent, et je vous assure qu’ils n’oublient rien. Et puis nous avons ajouté du linge, le plus possible, et des conserves, des nécessaires de toilette, des médicaments et mille petites choses qui pendant des mois peut-être seront tout notre luxe... J’ai vu des soldats sauter sur leur sac, à pieds joints, pour le fermer.
On ne dira jamais assez le mérite des soldats qui marchent à la bataille avec un tel fardeau sur les épaules, qui marchent sans savoir où ils vont, sans connaître la longueur exacte de l’étape, et qui souvent n’ont, pour exaspérer leur effort, que la volonté de ne pas tomber sur le bord de la route.
On voit à la queue des colonnes des héroïsmes obscurs: de petits soldats qui n’ont pas l’habitude de la marche; des employés qui n’ont jamais porté qu’une montre dans leur gousset. Dès le départ, leur visage se contracte, leur dos se voûte. Ils se plient en deux. Leur front se couvre de moiteur. Les bretelles du sac leur coupent la respiration. Quand ils lèvent la tête, on aperçoit un regard lamentable, un regard de détresse qui cherche au loin sur la route.
Ils essaient de suivre la cadence, mais les pas qu’ils font sont trop courts. Leur élan se brise contre l’élan de leurs camarades. Si on leur parle pour les encourager, ils vous répondent par des monosyllabes. Ils n’ont pas la force de parler.
Bataille de la Marne (1914)
La première bataille de la Marne, souvent identifiée comme « la bataille de la Marne » a eu lieu du 5 septembre au 12 septembre 1914 entre d'une part l'armée allemande et d'autre part l'armée française et le corps expéditionnaire britannique.
Les combats se déroulent le long d'un arc-de-cercle de 225 km à travers la Brie, la Champagne et l'Argonne, limités à l'ouest par le camp retranché de Paris et à l'est par la place fortifiée de Verdun. Ce champ de bataille est subdivisé en plusieurs batailles plus restreintes : à l'ouest les batailles de l'Ourcq et des deux Morins, au centre les batailles des marais de Saint-Gond et de Vitry, et à l'est la bataille de Revigny. La bataille donne lieu à un célèbre épisode : celui des « taxis de la Marne ».
A l’aube du dimanche 6 septembre, deux millions d'hommes se font face sur un front de 250 kilomètres. La bataille de la Marne commence. Sous les ordres du général Maunoury, les Français parviennent à créer une brèche au sein des lignes allemandes. A la tête de la 9ème armée, le général Foch s'y engouffre, aidé par le corps expéditionnaire britannique. Épuisés par l'offensive rapide qu'ils viennent d'accomplir à pied, les Allemands reculent. Paris est sauvé !
Au cours de cette bataille décisive, les troupes franco-britanniques arrêtent puis repoussent les Allemands, mettant ainsi en échec le plan Schlieffen (revu par Moltke) qui prévoyait l'invasion rapide de la France en passant par la Belgique, pour éviter les fortifications françaises et ensuite rapatrier le gros des troupes sur le front de l'Est. En une semaine, 230.000 Français et 250.000 Allemands ont été tués ou blessés.
Mais les Français, eux aussi épuisés par ces marches incessantes ne peuvent exploiter à fond leur succès. Le front va se stabiliser à partir de la mi-septembre. La retraite allemande se termine sur la rive droite de l'Aisne dès le 14 septembre, ce qui déclenche la bataille de l'Aisne.
C'est la fin de la guerre de mouvement. Les soldats des deux camps vont s'enterrer dans des tranchées pour une guerre d'usure qui durera 4 ans et qu'aucun État major n'avait prévue. De plus, l’Italie, la Roumanie et la Bulgarie entrent à leur tour dans le conflit. Les Alliés tentent d'aider la Russie en attaquant directement la Turquie.
En 1914-1918, on a fusillé les soldats en masse
Toutes les armées en campagne disposaient d'une justice militaire, et toutes, sauf celle d'Australie, ont prononcé des peines de mort suivies d'exécutions. La sévérité a marqué nombre de ces condamnations, car les conseils de guerre se déterminaient aussi en fonction d'enjeux disciplinaires, comme la volonté de faire des exemples pour la troupe. Mais elle frappe inégalement selon les cultures nationales et les traditions militaires.
Dans l'armée française, c'est au début de la guerre que la justice militaire fait le plus fusiller, dans un contexte où le pouvoir civil est très en retrait. Cependant, les procédures deviennent mieux contrôlées au cours du conflit, et l'on ne peut donc pas dire que les armées fusillaient à tour de bras, d'autant que la troupe n'appréciait guère de voir les exécutions de camarades.
Au total, on compte un peu plus de 600 fusillés dans l'armée française, 330 dans l'armée britannique (pour des crimes et délits militaires), et 750 dans l'armée italienne (chiffre important par rapport au nombre de mobilisés). Il faut aussi prendre en considération des exécutions sommaires, sur-le-champ, sans passage devant un conseil de guerre.
Leur nombre est difficile à évaluer.
1915 : La guerre des tranchées
1915 sonne l’heure des bilans. Dans les deux camps, les pertes humaines sont importantes et les munitions manquent. Français et Britanniques font venir des combattants de leurs colonies. À l’Ouest, les positions sont figées. Dans cette guerre des tranchées, la défense l’emporte sur l’attaque.
Les combats à la baïonnette marquent la guerre des tranchées
La baïonnette est en vérité d'un usage rare dans les combats, même si elle équipe les soldats de différentes armées.
Les deux tiers des pertes sont en fait causées par l'artillerie. Les combats rapprochés sont assez limités dans l'expérience de guerre des soldats qui, pour l'essentiel, ne voient pas leurs adversaires. Lorsque des assauts ou des patrouilles mettent cependant en contact, ou rapprochent, les combattants d'armées adverses, chacun préfère utiliser des armes de distance, plus protectrices, comme les grenades, les pistolets ou les lance-flammes.
Les grandes évocations du combat à la baïonnette que l'on trouve abondamment dans les publications de l'arrière reproduisent une représentation traditionnelle de la guerre d'avant 1914, et participent d'une héroïsation des soldats qui ne correspond pas à l'ordinaire de la guerre ; le fantassin meurt sans gloire, sans un élan du cœur, au fond d'un trou.
Les tranchées
Chaque soldat restait nuit et jour dans des tranchées, fossé artificiel créé pour se protéger des ennemis.
La vie était très dure pour chaque soldat, car la boue, le froid, les rats, et une nourriture insuffisante leur donnaient des maladies, en plus des dangers des combats.
Au bout de 3 ans, en 1917, les soldats commencent à se lasser : c'est le début des mutineries. Chaque soldat qui proteste, est condamné ou exécuté.
Vivre dans les tranchées
Les soldats à la guerre devaient vivre sous terre, c'était leur seule chance de survie. Les tranchées sont construites en zigzag, pour se protéger de l'ennemi. Le soldat y vit 10 jours d’affilée dans d'horribles conditions. Lorsqu’il ne se bat pas, le soldat doit attendre : le ravitaillement, ou l'assaut. Le bruit des bombardements, et l’idée de mourir l’empêchent souvent de dormir, les rats et la boue également. Le meilleur moment de la vie du poilu, c’est la réception du courrier.
C'est le seul lien qu'il entretient avec la vie normale.
Les conditions de vie horribles des Poilus dans les tranchées...
L'alcool a joué un rôle essentiel pour faire tenir les soldats
L'abondante consommation d'alcool est courante avant 1914. Dans les tensions et les violences de la guerre des tranchées, elle sert à l'évidence à apaiser ou à oublier. Ivresse et beuveries ne sont pas rares. Les soldats sont souvent à la recherche de rations supplémentaires. Pour autant, il est d'un simplisme consternant de penser que c'est l'ivresse qui fait combattre les soldats dans les terribles circonstances de 1914-1918.
Pour beaucoup, il s'agit surtout d'un sens du devoir assez général, sans motivation particulière. La camaraderie des tranchées, la fidélité aux morts tient aussi une large place pour comprendre les comportements des soldats. Les contraintes disciplinaires qui s'exercent sur la troupe ne sont pas négligeables.
Les poilus, les poux et les rats
Les tranchées sont exposées au vent, au gel et à la pluie qui s’infiltre partout. Elles sont étroites et on y retrouve des odeurs épouvantables. En hiver, les soldats s'enfoncent même dans la boue. Les hommes ne peuvent pas se laver ni se raser, d’où leur surnom de poilus. Ils vivent avec les poux, les rats, les ordures, les urines et excréments mais également avec les cadavres.
La vie dans les tranchées a été horriblement dure : le danger permanent, le froid hivernal, les rats, les poux, les odeurs nauséabondes, l’absence presque totale d’hygiène et le ravitaillement mal assuré, ainsi que la pluie et la boue, qui ont été de grands ennemis pour les soldats.
L'enfer des tranchées reste difficilement imaginable : les combats sporadiques, les gazages, les pilonnages toujours plus violents, les attaques au lance-flammes mais surtout la peur, omniprésente. Elles étaient aussi un monde de camaraderie, d'une solidarité sans faille entre soldats d'une même unité qui trouvaient le réconfort dans les plaisanteries, les chansons ou les lettres écrites à leurs familles.
La première bataille d’Artois
En ce premier hiver de guerre, les soldats s'enlisent dans les tranchées fraîchement creusées. Les généraux Joffre et Foch décident alors de tenter une offensive pour s'emparer de Lorette et Vimy et si possible, de repousser l'ennemi au-delà de la frontière. Leur plan ne va pas se dérouler comme prévu...
Entre décembre 1914 et octobre 1915, l’Artois est le théâtre de violents affrontements. L’armée française tente de reprendre le contrôle des lieux stratégiques qui dominent la plaine de Gohelle et le bassin minier du Pas-de-Calais.
Le récit saisissant, rédigé par un capitaine, de l’assaut de Notre-Dame-de-Lorette fait partie des premières lettres de combattants reproduites dans Le Figaro qui expriment la «boucherie» des combats.
Pendant toute la nuit, une lutte de sauvages s'engage
Après d’âpres combats dans les tout derniers jours de décembre, et la météorologie étant toujours aussi défavorable en janvier 1915, le général Foch décide l’arrêt de l’offensive, faute de pouvoir accorder un corps d’armée supplémentaire à la Xe armée.
La boue, le brouillard, mais aussi la ténacité et la bravoure des défenseurs bavarois, ont eu raison de cette offensive d’hiver qui se solde par plus de 7 700 tués parmi les Alliés et un nombre équivalent chez les Allemands. Le bilan n’est pourtant pas totalement négatif pour les Français, car le château de Vermelles et quelques puits de mine ont pu être repris par la 58e division d’infanterie.
1916 : L’année terrible
Les grandes offensives recommencent sur le front ouest. Les renforts anglais arrivent de plus en plus nombreux et la production de munitions augmente. Les Alliés décident d’une attaque dans la Somme (département français). Les Allemands veulent attaquer l’armée française en choisissant la forteresse de Verdun.
Verdun: « Là- bas, c'est sans limite la bataille, c'est l'enfer déchaîné »
La Bataille de Verdun
Le 21 février 1916, l’armée allemande lance une grande offensive sur la région fortifiée de Verdun avec l’objectif d’épuiser les forces de l’armée française. Après un intense bombardement, elle attaque la rive droite de la Meuse et brise la défense française au Bois des Caures.
Pendant neuf heures, 1500 canons sont lancés, les positions françaises sont pulvérisées sous le déluge de feu. « Tenir et attendre », tels sont les ordres. Les combats vont durer six mois, pendant lesquels on compte qu’un homme est tombé toutes les cinq minutes. Au total, on dénombre près de 700 000 victimes !
Le 25 février, le fort de Douaumont tombe aux mains des Allemands et le 5 mars c’est au tour du village du même nom. Les soldats français sous le commandement du général Pétain puis du général Nivelle résistent vaillamment aux attaques ennemies. La route de Bar-le-Duc à Verdun, appelée la «Voie Sacrée» est aménagée pour permettre aux camions d’apporter en continu ravitaillement et renforts. Mais les combats sont violents, au corps-à-corps et à la baïonnette, sous un déluge de feu et de gaz toxiques.
La guerre s'est jouée à Verdun en 1916
Verdun est assurément une immense bataille, qui s'étire de février à décembre 1916 et mobilise plus de 2 millions de soldats français. Elle coûte la vie à environ 300 000 hommes, Allemands comme Français. Pour autant, elle n'est pas la seule d'une ampleur si marquante, ainsi de la bataille de la Somme (1916) ou de celle du Chemin des Dames (1917, avec environ 1 million d'hommes mobilisés).
Verdun n'est donc pas « incomparable », comme l'ont fait croire de nombreux récits mythiques. Surtout, l'affrontement n'était pas d'emblée envisagé comme décisif par l'état-major allemand qui l'a lancé. Plus encore, après des mois de combats dans des conditions très difficiles, les lignes se fixent presque sur leur point de départ. A l'échelle du déroulement d'ensemble de la guerre, la bataille n'a pas eu de conséquences fondamentales. Elle s'inscrit parmi toutes ces batailles que les états-majors lancent depuis 1915 pour tenter de sortir de la guerre des tranchées, peu considérée par la théorie militaire, et retrouver une guerre de mouvement. Sans succès avant 1918.
L’offensive de Broussilov
Sur le front Est, les Russes, dirigés par le général Broussilov, sont mieux armés et lancent une offensive à partir du 4 juin 1916. Ils attaquent le front autrichien et le font reculer de 96 km en un mois. C’est leur plus grande victoire (350 000 prisonniers et 400 canons). Cette offensive permet aussi d’affaiblir les attaques ennemies sur le front occidental.
La bataille de la Somme
Alors que les Allemands se fatiguent à Verdun, Anglais et Français lancent une grande offensive sur la Somme.
Le 24 juin 1916, un bombardement intensif a lieu. C’est un vrai carnage côté anglais, dû à l’incompétence des chefs britanniques. Dès les premières heures, on compte 20 000 morts côté anglais. Au bout de quatre mois et demi de combats, le terrain conquis n’est que de 12 kilomètres !
La guerre à l’arrière
Malgré la censure et la propagande qui essaient de laisser les civils dans l’ignorance de ce qui se déroule sur le front, les lettres des soldats, la mort de leurs proches, contredisent l’idée d’une victoire rapide et renvoient vite à la réalité. Eux non plus n’échappent pas à la guerre. De plus, la vie à l’arrière est loin d’être simple : les prix augmentent et les femmes remplacent les hommes aux champs et à l’usine.
Tous au travail !
Tous les hommes en âge de travailler sont partis à la guerre. Aux champs ou à l’usine, on peut donc retrouver les femmes, les adolescents et même les prisonniers de guerre. Ils travaillent presque 70 heures par semaine. L’Allemagne fait travailler de force des dizaines de milliers d’ouvriers des territoires qu’elle occupe. Français et Britanniques appellent des travailleurs originaires de leurs colonies. Le conflit se prolonge, les États mettent donc en place une économie de guerre capable de fournir les soldats en armes et en munitions. En France, les chars et camions sont produits par les usines Renault qui, en fonction des besoins du pays, ne produisent plus de voitures.
Les armes
La Première Guerre mondiale est à cheval entre deux époques. Tout commence avec des uniformes chatoyants, des baïonnettes, et des charges de cavalerie... Très vite, la guerre prend une autre allure, les mitrailleuses viennent remplacer les anciennes armes. Désormais l’artillerie joue un rôle majeur : grenades, obus, mines dévastent les tranchées. Les gaz s’infiltrent partout et sans oublier les lances-flammes. Sur terre, les chars jouent un rôle décisif.
Les Gaz
Les premiers gaz étaient utilisés sous la forme de nuages dérivants dépendants du vent pour aller dans la tranchée adverse. Les trois principaux gaz utilisés furent le chlore, le phosgène et le gaz moutarde. Les gaz lacrymogènes furent également déployés au début de la guerre. Le chlore fut le premier à être utilisé en avril 1915. C'était un gaz mortel mais il était facile de le repérer du fait de son odeur et de sa couleur. Le 19 décembre 1915, le phosgène fut déployé, bien plus difficile à repérer, c'était le gaz mortel le plus efficace et provoquait la mort par asphyxie.
Cependant, le composé le plus efficace fut le gaz moutarde introduit par l'Allemagne en juillet 1917. Il ne s'agissait pas d'un gaz mais plutôt d'un fluide visqueux. Il n'était pas aussi mortel que le phosgène mais n'avait pas besoin d'être inhalé pour provoquer de terribles brulures et restait actif pendant plusieurs jours. De plus, sa nature liquide le rendait utilisable sous la forme d'obus, ce qui permettait de se passer du vent pour disperser le gaz. Les gaz de combats n'ont pas tué beaucoup de soldats mais les blessés étaient nombreux et cette arme insidieuse rendit les conditions de vie déjà précaires des combattants encore plus difficiles.
1917 : Le tournant de la guerre
Au front comme à l’arrière, on a le sentiment que la guerre ne se terminera jamais. « Nous y passerons tous », disent les soldats. L’Allemagne propose de faire la paix, mais la demande est rejetée.
En Russie, la révolution grandit. Le peuple est affamé et épuisé par les problèmes de ravitaillement et les échecs militaires. En février 1917, les files d’attente s’allongent devant les magasins sous une température extérieure de -20 °C. En quelques heures, les boutiques sont entièrement vides, c’est l’émeute. Les ouvriers et les soldats forment un état-major de la révolution : le Soviet.
Sur le front Ouest, les États-majors déploient de nouvelles offensives en promettant une fois de plus la victoire à leurs troupes. Les pertes humaines sont grandes. Des soldats se révoltent. Le seul résultat positif pour les Alliés en cette année 1917, c’est l’entrée en guerre des Américains.
L’entrée en guerre des Américains
Le 2 avril 1917, les Américains débarquent pour soutenir la France et déclarent la guerre à l’Allemagne. Mais les troupes américaines doivent s’équiper et s’entraîner avant d’intervenir. Les Alliés ont peur de perdre la guerre avant leur arrivée. Le 26 juin, les premiers soldats américains arrivent en France, dès lors, le moral des Français remonte.
En 1918, près de 1 800 000 soldats américains viennent soulager les troupes alliées sur le front.
La Bataille de la Crête de Vimy, 9-12 avril 1917
C’est la deuxième bataille d’Artois sur la crête de Vimy qui se déroule entre le 9 et le 12 avril 1917 sur les territoires de Vimy et Givenchy-en-Gohelle, près de Lens dans le Pas-de-Calais.
Le Corps d’armée canadien reçut l’ordre de s’emparer de la crête de Vimy en avril 1917. Cette crête de sept kilomètres de long, solidement fortifiée, dans le Nord de la France, dominait les lignes alliées. Les Canadiens sous le commandement du Commandant Currie donneraient l’assaut sur ce qui était considéré comme un véritable cimetière car les précédentes attaques françaises avaient échoué, leur infligeant plus de 100 000 pertes.
Le site, dominant la plaine de Lens et fortifié par l'armée allemande, avait fait l'objet de multiples attaques infructueuses de la part des armées françaises et britanniques, notamment en 1915. Le 9 avril 1917, les troupes de l'Empire britannique, principalement composées des quatre divisions du Corps expéditionnaire canadien, unissent leurs forces et passent à l'assaut. Au prix de plusieurs milliers de morts, elles réussissent à prendre le contrôle de la cote 145 le 12 avril.
Bon nombre d’historiens et d’auteurs considèrent la victoire canadienne à Vimy comme un moment déterminant pour le Canada, celui où le pays sortit de l’ombre de la Grande-Bretagne et se sentit capable de grandeur. C’est à ce moment que les soldats canadiens se sont mérités la réputation de troupes redoutables et efficaces. Mais cette victoire a eu un coût élevé avec plus de 10 500 morts et blessés du côté canadien.
Le Chemin des Dames
Origine du nom : Le Chemin des Dames doit son nom à deux filles de Louis XV, qui l'empruntaient pour se rendre au château de la Bove. Il doit son nom au chemin surplombant la vallée de l'Aisne que les filles de Louis XV, Adelaïde et Victoire, Dames de France, empruntaient pour aller rendre visite à leur gouvernante au château de La Bove près de Vauclair, chemin qui fut empierré à cette occasion.
C'est une route d'une trentaine de kilomètres, située au sud de Laon, dans le département de l'Aisne. C'est aussi un point stratégique, une ligne de crête entre deux vallées, celles de l'Aisne et de l'Ailette. A l'époque, elle traverse dix-huit villages, dont sept ont été partiellement ou totalement détruits pendant la guerre. Le Chemin des Dames a connu plusieurs batailles.
Le Chemin des Dames dans l'Histoire
Ce qu’on appelle le plateau du Chemin des Dames est la partie des plateaux du Soissonnais qui s’étend entre les vallées de l’Aisne au sud et de l’Ailette au Nord. A son extrémité Est, cet étroit plateau constitue un promontoire qui domine la plaine entre Laon et Reims.
L’intérêt stratégique d’une telle position est apparue dés l’Antiquité. A l’époque gauloise, le plateau est partagé entre les Suessions de Soissons et les Rèmes de Reims avant la conquête romaine. C’est dans la plaine vers Berry-au-Bac que les légions de Jules César s’affrontent aux troupes de la Gaule Belgique (1er bataille de l’Aisne en 57 av. Jésus-Christ).
Le plateau lui-même devient un champ de bataille dès le VIe siècle (Bataille de Laffaux) mais il entre vraiment dans l’histoire avec la bataille dite de Craonne que Napoléon Ier livre le 7 mars 1814 contre l’armée de Blücher au cours de la Campagne de France.
Après la guerre de 1870-71, deux forts de la deuxième ligne de défense de Paris sont construits sur le plateau, le fort de La Malmaison à proximité de la route de Soissons à Laon et le fort de Condé qui domine la vallée de l’Aisne.
La guerre de 1914 révèle toute l’importance stratégique du plateau. Après la bataille de la Marne, les Allemands s’accrochent à ses hauteurs de la Marne pour repousser les attaques françaises et britanniques (septembre-octobre 1914). Les troupes allemandes tiennent ces hauteurs dès septembre 1914. À l’Ouest, les Allemands ont eu écho de la préparation d’une offensive. Ils se retirent sur 40 km et détruisent tout derrière eux : les ponts, les voies ferrées, les villages… Ils empoisonnent mêmes les puits. Ils ont établi, à l’arrière, une véritable ligne de retranchement, appelée la ligne Hindenburg, et attendent l’arrivée de l’ennemi.
L’année 1917 place le Chemin des Dames au centre des évènements militaires. En décidant d’attaquer le 16 avril entre Soissons et Reims, le général Nivelle compte sur la surprise pour remporter au Chemin des Dames une victoire décisive avec un million d’hommes. Son échec provoque une crise de confiance sans précédent dans l’armée.
Les Alliés, dirigés par le général français Nivelle, s’apprêtent à faire une attaque éclair et par surprise. L’attaque principale débute le 16 avril 1917, entre Reims et Soissons. Il s’agit de parcourir un chemin : le Chemin des Dames.
Or, les Allemands répondent immédiatement aux attaques par le feu. Malgré les importants moyens mis en place par les Alliés, les pertes humaines sont énormes. Sur les 128 chars engagés dans la bataille, aucun ne parvient jusqu’aux lignes allemandes. C’est grâce au Modèle 3 Albatros que le Chemin des Dames est atteint, mais l’offensive a fait 130 000 victimes.
Les combats se poursuivent sur le Chemin des Dames tout l’été jusqu’en octobre. La victoire française de La Malmaison le 23 octobre 1917 amène les Allemands à abandonner le plateau et à se replier au Nord de l’Ailette.
Le 27 mai 1918 c’est sur le Chemin des Dames que Ludendorff lance une attaque victorieuse qui permet aux Allemands d’atteindre rapidement Soissons puis Château-Thierry.
1918 : la victoire de l’Entente
Après trois ans de guerre, les économies vont mal et les pertes en hommes sont considérables. De plus, les positions sont quasiment inchangées sur le front Ouest. Le 3 mars 1918, les négociations de paix qui avaient été entamées en 1917 entre l’Allemagne et la Russie se concrétisent par la signature de la paix Brest-Litovsk.
Après plusieurs années ou les affrontements se sont enlisés, la guerre a vécu les prémisses de son dénouement en mars 1917 avec la chute du gouvernement russe qui a permis au gouvernement russe révolutionnaire de signer un accord de paix avec les puissances centrales en mars 1918.
L’arrêt des combats à l’Est va permettre aux Allemands de ramener une partie de leurs troupes sur le front Ouest.
Côté des Alliés, on compte sur le soutien des renforts américains en hommes et en matériel. L’année 1918 marque le retour à une guerre de mouvement.
L’offensive allemande
Les Allemands préparent une grande offensive sur le front Ouest pour devancer l’arrivée des Américains. L’attaque, lancée en France, dans la Somme, commence le 21 mars 1918 par un gigantesque bombardement d’artillerie. Paris, capitale française, est également bombardé. On compte ainsi 88 morts et une centaine de blessés.
Grosse Bertha
La Grosse Bertha est une très grosse pièce d'artillerie de siège utilisée par l'armée allemande lors de la Première Guerre mondiale. Il s'agissait d'un obusier de 420 mm de diamètre et de 16 calibres de long.
Deux modèles furent construits : d'abord le 42-cm Kurze Marine-Kanone 12 (Gamma-Mörser) à partir de 1912, puis le 42-cm Kurze Marine-Kanone 14 (M-Gerät) à partir de 1914.
Poids du canon seul : 13,4 tonnes
Poids du canon et de l'affût : 42,6 tonnes (en batterie) ; 89 tonnes (transport)
Longueur du canon seul : 5 mètres
Longueur du canon et de l'affût : 10 mètres
Cadence de tir : 10 coups par heure
Vitesse initiale : 333 m/s
Portée maximale : 9 300 m (obus de 800kg) ; 12 500 m (obus de 400kg)
Longueur en calibre : L/11.9.
Historique
En 1908, l'état-major allemand chargea l'usine d'armements de Bertha Krupp von Bohlen und Halbach, située à Essen, d'élaborer une pièce d'artillerie capable de percer trois mètres de béton armé et de briser les tourelles en acier au nickel des fortifications françaises. Après avoir testé une grande variété d'obus, le meilleur compromis entre les performances balistiques et les capacités de pénétration fut obtenu avec un obus de 1 150 kg chargé de 144 kg d'explosifs. Toutefois, le canon correspondant appelé Gamma-Gerät (appareil gamma) ne pouvait être transporté que par voie ferrée, ce qui limitait son champ de manœuvre. En août 1914, une seule batterie de deux pièces « M » était prête (batterie no 3 Erdmann), mais dix autres mortiers ont été fabriqués par la suite.
La Grosse Bertha (type M, soit la version légère) entra en service le 12 août 1914 face au fort de Pontisse, lors du siège de Liège. Le 15 août, le fort de Loncin fut bombardé par les Grosses Bertha, qui provoquèrent l'explosion des douze tonnes de poudre du magasin à poudre du fort. Le 16 août, les douze forts ceinturant la ville donnèrent leur reddition, bien que seuls trois d'entre eux (Pontisse, Fléron et Loncin) eussent été bombardés par les Grosses Bertha. Les « Bertha » (type M et gamma) dévastèrent les forteresses de Namur, Maubeuge et Anvers, ainsi que les défenses russes du Danube. En Lorraine, le fort d'arrêt de Manonviller, construit en béton spécial et le plus puissant fort de la ligne Séré de Rivières, fut dévasté par 159 tirs de la batterie Gamma-Gerät du major Solf le 27 août 1914.
Cependant, devant Verdun, notamment face au fort de Moulainville, les Bertha montrèrent leurs limites. Les forts de Verdun, modernisés peu avant la guerre, résistèrent aux Grosses Bertha non pas parce qu'ils étaient plus solides, mais par le fait que les défenseurs s'installèrent dans un réseau de galeries profondes équipées de courant électrique, réseau téléphonique, casernes, PC, infirmerie, etc. De ce réseau remontaient plusieurs galeries donnant accès aux postes de combat (tourelles, casemates, coffres, caponnières, etc.). Vingt ans plus tard, ce système sera optimisé en créant la ligne Maginot.
En France, on a souvent désigné sous ce nom le mystérieux canon utilisé pour le bombardement de Paris en 1918, mais il s'agit en fait d'un modèle bien différent (Ferngeschütz ou Kaiser-Wilhelm-Geschütz). Si les dégâts causés aux forts impressionnèrent les Alliés, la célébrité de la Grosse Bertha est venue de la confusion avec les canons longs qui bombardèrent Paris en 1918. Il ne s'agissait pas de Bertha mais de Ferngeschütz, également appelés Pariser Kanonen. Rausenberger avait adapté des tubes de gros calibre destinés au croiseur Ersatz Freya, dont la construction avait été suspendue.
Caché au cœur de la forêt, la fosse bétonnée disparaît sous l’eau et la végétation. Il ne reste qu'une trace discrète d’une des plus grandes prouesses de la guerre. Nous sommes dans l’Aisne, à Crépy.
Ici, les Allemands ont installé un super canon, capable de tirer sur Paris, à 120 kilomètres. Quand le premier obus est tombé, le 23 mars 1918, la stupeur a saisi la capitale.
Ce 23 mars, 22 obus s’abattent sur Paris et sa banlieue. On croit d’abord à un raid aérien et des escadrilles décollent pour intercepter l’ennemi, mais le ciel est vide ! Le chimiste André Kling étudie un éclat : il porte des traces de rainures. Le scientifique est formel, c’est un canon qui a tiré le projectile. Le président du Conseil, Georges Clemenceau, a peine à y croire.
À la fin de la Première Guerre mondiale, les Grosses Bertha furent détruites pour ne pas tomber entre les mains des Alliés. Seul le canon affecté au champ de tir de Meppen fut conservé.
L’avancée allemande
Pour faire face à la gravité de la situation, les troupes alliées se placent sous le commandement du général Foch.
L’armée allemande continue d’attaquer et atteint la Marne le 30 mai. Son succès est incontestable, mais les troupes américaines arrivent pour prêter main-forte aux Alliés et ainsi contenir l’avancée allemande.
La seconde bataille de la Marne
Les troupes allemandes sont épuisées par les derniers mois de combats. Les Alliés, eux, disposent de troupes américaines en forme et d’armes nouvelles. Foch prépare la contre-offensive. Ainsi, le 8 août sera un jour noir pour l’armée allemande. De nombreux soldats se rendent sans combattre. Le 5 octobre, la ligne Hindenburg est brisée.
Armistices
La Bulgarie a signé l’armistice le 29 septembre. L’Autriche-Hongrie a également demandé l’armistice. Le commandement allemand veut aussi mettre fin à cette guerre désastreuse. C’est ainsi que l’Allemagne demande l’armistice le 4 octobre. Les négociations entre Français et Allemands sont longues, mais finissent par se rencontrer le 8 novembre 1918 dans la clairière de Rethondes, près de Compiègne. L'armistice est signé le 11 novembre 1918.
En janvier 1919, la conférence de paix s’ouvre à Paris sans que les États vaincus y soient invités. Tout en punissant les perdants, chacun des vainqueurs cherche à défendre ses propres intérêts. L’Allemagne, déclarée responsable de la guerre, est condamnée à payer des réparations aux vainqueurs. Elle perd une partie de son territoire et de ses colonies.
Le 28 juin 1919, l'Allemagne signe le traité de Versailles dans la galerie des Glaces du château de Versailles. Pour tous, les lendemains sont difficiles.
Le besoin de vengeance et de revanche d'un soldat nommé Adolf Hitler du 16e régiment d'infanterie bavarois mènera à la Seconde Guerre mondiale.
Adolf Hitler avait apporté sa contribution à la guerre de 14-18. Enthousiaste à la déclaration de la guerre, il s'engage comme volontaire dans l'armée allemande en 1914 (alors qu'il est Autrichien) et se retrouve incorporé dans le 16e régiment d'infanterie bavarois. Malgré qu'il soit apprécié ses supérieurs lui refuseront de l'avancement, ne lui reconnaissant pas la trempe d'un chef.
Il sera estafette pendant presque toute la durée du conflit, engagé dans la bataille de la Somme en 1916, il est blessé et évacué dans un hôpital près de Berlin. Après sa convalescence il reçoit une affectation provisoire à Munich, avant de rejoindre le front dans les Flandres. En octobre 1918 près d'Ypres son unité est prise sous un bombardement au gaz moutarde de l'artillerie britannique, touché aux yeux il est de nouveau évacué dans un hôpital de Poméranie. Un peu plus tard il reçoit la Croix de Fer de 1ère classe pour avoir apporté une dépêche importante. Hitler apprendra la capitulation de l'armée allemande depuis son lit d'hôpital et cette nouvelle va l'anéantir...
Adolf Hitler : « Führer » chancelier du Reich de 1933 à 1945.
Bilan
Après quatre ans de massacres, le cauchemar s’achève. On estime le nombre de victimes à environ 18 millions de morts dont 1,5 million de Français et 2 million d'Allemands. Il y a aussi 21 millions de blessés. Beaucoup d’hommes se retrouvent mutilés, dont certains au visage qu’on appelle les mutilés de la face et qu'on surnomme à l'époque les « gueules cassées ». La guerre n’a épargné personne. L’horreur des combats a choqué les soldats survivants, des millions de femmes sont veuves, et autant d’enfants sont orphelins.
En France et en Belgique, dans les régions où les combats se sont fixés pendant près de quatre ans, les dégâts matériels sont considérables. En France, Belgique, Italie, Serbie, Russie et en Pologne, les régions situées dans les zones de combat sont dévastées.
LE TRAGIQUE BILAN DES MORTS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE
Le nombre des pertes humaines de la Première Guerre mondiale militaires et civiles s'élève à environ 18 millions de morts et 21 millions de blessés. Cette estimation inclut environ 9,7 millions de morts parmi les militaires et près de 8 millions pour les civils. Les Alliés perdent quant à eux plus de 5 millions de soldats et les Empires centraux près de 4 millions.
Conséquences
La Première Guerre mondiale a beaucoup de conséquences :
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La France récupère l'Alsace-Lorraine, perdue en 1871 ; mais la guerre lui a coûté beaucoup d'hommes et son territoire est en partie ravagé ;
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L'Allemagne change de régime politique (après la révolution allemande de 1918) et devient une république ;
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Les chars d'assaut ont été utilisés, ainsi que les avions, à des fins militaires ;
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L'Empire austro-hongrois est divisé en deux pays : l'Autriche et la Hongrie ; d'autres parties de son territoire serviront à former de nouveaux États : la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie et la Pologne (pour celle-ci, avec des territoires enlevés à l'Allemagne et à la Russie) ;
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L'Empire russe devient l'URSS, pays où l'organisation politique et économique est nouvelle ;
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Le traité de Versailles du 28 juin 1919, que les Alliés imposent à l'Allemagne, est très dur. L'Allemagne perd des territoires, devenant coupée en deux parties séparées et en partie occupée (à l'ouest). Elle est presque totalement désarmée, doit payer d'énormes indemnités de guerre, et elle est tenue pour responsable de la guerre. Une partie des Allemands rejettent ces conditions de ce « diktat » ;
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En juin 1919, les vainqueurs (sauf les États-Unis qui refuseront) créent la Société des Nations (SDN). C'est une organisation internationale permanente dont la mission est de régler pacifiquement les conflits entre pays. Son siège est à Genève ;
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L'Empire ottoman est démembré : il perd des territoires au profit de la Grèce. Ses possessions arabes sont confiées par la SDN à la France (Syrie, Liban) et à l'Angleterre (Irak, Palestine, Transjordanie et Koweït), sous forme de mandats.
C'est toute l'Europe qui s'est affaiblie, alors que les États-Unis, de même que le Japon, ont émergés. Des monuments aux morts sont installés dans chaque ville en souvenir des soldats morts lors de la guerre.
Cela a été une des guerres les plus mortelles de l'histoire. Elle a permis des changements politiques majeurs avec la fin d’empires (allemand, russe, austro-hongrois et ottoman) changeant ainsi la carte des frontières de l’Europe, plusieurs nations accédant à l’indépendance, et une révolution.
* Témoignages de la réalité de l’enfer des combats et de la souffrance des hommes au front *
Lettres de poilus, (3 exemples de courrier touchant parmi tant d’autres)…
Léon Hugon a été blessé le 9 septembre 1914 par un éclat d’obus pendant la première bataille de la Marne.
Puis, il fût envoyé à l’hôpital de Tulles où il mourut du tétanos le 22 septembre 1914.
Tulles, le 18 septembre 1914.
Bien chère Sylvanie,
Je ne peux pas m’empêcher de te dire que je suis dans une très mauvaise position, je souffre le martyr, j’avais bien raison de te dire avant de partir qu’il valait mieux être mort que d’être blessé, au moins blessé comme moi.
Toute la jambe est pleine d’éclats d’obus et l’os est fracturé. Tous les jours quand on me panse, je suis martyr, lorsqu’avec des pinces, il m’enlève des morceaux d’os ou des morceaux de fer.
Bon Dieu, que je souffre ! Après que c’est fini, on me donne bien un peu de malaga, mais j’aimerais mieux ne pas en boire.
Je ne sais pas quand est-ce qu’on me fera l’opération.
Il me tarde bien qu’on en finisse d’un côté ou de l’autre.
En plus de ça, je suis malade ; hier, je me suis purgé, ça n’a rien fait, il a fallu qu’on me donne un lavement. On doit m’en donner un autre ce soir, je ne sais pas si on l’oubliera pas, peut-être ça me fera du bien.
Enfin, je suis bien mal à mon aise, ne pas pouvoir se bouger, j’ai de la peine à prendre le bouillon sur ma table de nuit. Je t’assure que c’est triste dans ma chambre, nous sommes vingt neuf, personne ne peut se bouger, des jambes cassées et des bras ou de fortes blessures et presque tous des réservistes comme moi.
Je te dirai que je passe des mauvaises nuits, si l’on m’avait évacué jusqu’à Agen, tu serais bien venue me soigner et je serais été content d’être auprès de toi. Et toi aussi, ma chère Sylvanie, de me voir, ça serait été triste et une joie, pas comme si je n’avais pas été blessé ; mais que faire, c’est ma destinée. Maintenant, je suis dans le pétrin et pour s’en sortir, je ne sais pas trop comment ça finira.
Enfin, ma chère Sylvanie, je te dis tout maintenant, je n’ai pas voulu te le dire à la première pour ne pas te vexer, mais je vois que je suis obligée de t’aviser de ma situation.
Je ne te fais pas de mauvais sang, je m’en fais pas parce que je ne suis pas seul, vis en espoir et si jamais je reviens, je verrai mon fils grandir, que je le dresserai pour travailler le bien de Vinsot et moi on me fera bien une pension.
Je crois que je la gagne, quand bien même que je ne pourrais pas trop travailler, ça nous aiderait pour vivre.
On ne serait pas encore trop malheureux et Gaston commencerait de travailler. Il y en a bien qui n’ont qu’une jambe et qui travaillent.
Il faut espérer que tout ce que je dis là arrive. Prie Dieu pour moi, qu’il me délivre de la souffrance. Je t’embrasse bien fort sur chaque joue avec Gaston le petit chéri.
Ton cher ami
HUGON Léon
Lazare Silbermann à son épouse Sally
Verdun, dans une tranchée de la côte 304, le 7 août 1914
Ma chère Sally,
Avant de partir faire mon devoir envers notre pays d’adoption, la France que nous n’avions jamais eu à nous plaindre, il est de mon devoir de te faire quelques recommandations car je ne sais pas si je reviendrai.
En lisant cette lettre, bien entendu, je n’y serai plus, puisqu’il est stipulé qu’il ne faut ouvrir la lettre qu’après ma mort.
Ma chère, je sais que je te laisse dans la misère car tout cela présente beaucoup et en réalité ne présente rien. Je te laisse un gros fardeau que d’élever quatre petits orphelins que pourtant j’aurais voulu les voir heureux car tu le sais que je n’ai jamais rien fait pour moi. J’ai toujours pensé te rendre heureuse ainsi que nos chers petits. J’ai tout fait pour cela et, je n’ai pas réussi ce que j’ai voulu.
Je te remercie pour les quelques années de bonheur que tu m’as données depuis notre mariage hélas trop court, et je te prie d’avoir du courage, beaucoup de courage pour élever nos petits chérubins en leur inspirant l’honnêteté et la loyauté, en leur donnant l’exemple par toi même, et je suis sûr qu’il ne te manquera pas de courage. Parle-leur toujours des sacrifices au dessus de ma situation que j’ai faits pour eux et qu’ils suivent mon exemple. Quant à toi, je crois qu’il te restera des bons souvenirs de moi. Nous nous avons aimé jusqu’à la fin et c’est ce souvenir et celui de ma conduite envers toi et envers tout le monde qui te donneront du courage de supporter le gros fardeau que je te laisse.
Une dernière fois, je t’engage à bien sauvegarder l’honneur de nos chers enfants en leur donnant de bons exemples et je suis sûr que cela répondra comme un écho quand le moment arrivera. Je t’embrasse une dernière fois.
Ton compagnon de bonheur et de malheur,
LAZARE
Mes chers petits enfants,
J’ai une suprême recommandation à vous faire. Aujourd’hui, vous êtes petits ; demain vous serez grands. Prenez en considération ce que je vous écris. Respectez votre maman ; obéissez-lui sans cesse car c’est elle qui a la lourde charge de la mère et du père… Prenez l’exemple de nous. Aimez-vous, soyez loyaux et honnêtes, et vous serez heureux en ayant votre conscience tranquille. C’est à toi, Rosette, ma chère enfant, de donner l’exemple à Ernestine ta petite sœur et à Jean et Charles tes petits frères pour que vous preniez tous le bon chemin. Soyez tous bons enfants.
Que mes larmes que je verse en faisant cette lettre vous inspire de faire tout ce que je voudrais et que vous deveniez tout ce que je vous souhaite.
Gardez précieusement cette lettre ; souvenez-vous de votre malheureux père et suivez ses conseils.
Lazare SILBERMANN
P.S. : Surtout respectez votre maman. Evitez-lui tout chagrin qu’il pourra lui se présenter. Adoucissez-lui sa vie et faites-lui oublier tout ce qu’il pourra se présenter comme amertume dans la vie.
Pendant plus de deux ans de guerre, Gaston, qui ne cessait d’écrire à sa mère Joséphine, avait attendu en vain une permission qui ne venait pas. Et puis le grand jour vint, malheureusement chargé d’une épouvantable déception : à l’arrière, il arrivait que le spectacle de ces poilus arrachés à leurs tranchées dérange… Gaston était le fils d’une famille de sept enfants. Ses sœurs Berthe, Hélène, Blanche, Marguerite, Madeleine et Marie apprirent sa disparition à la fin de l’été.
Gaston Biron avait vingt-neuf ans en 1914.
Blessé le 8 septembre 1916, il mourut de ses blessures
le 11 septembre 1916 à l’hôpital de Chartres.
Samedi 25 mars 1916 (après Verdun)
Ma chère mère,
[…] Par quel miracle suis-je sorti de cet enfer, je me demande encore bien des fois s’il est vrai que je suis encore vivant ; pense donc, nous sommes montés mille deux cents et nous sommes redescendus trois cents ; pourquoi suis-je de ces trois cents qui ont eu de la chance de s’en tirer, je n’en sais rien, pourtant j’aurais dû être tué cent fois, et à chaque minute, pendant ces huit long jours, j’ai cru ma dernière heure arrivée.
Nous étions tous montés là-haut après avoir fait le sacrifice de notre vie, car nous ne pensions pas qu’il fût possible de se tirer d’une pareille fournaise. Oui, ma chère mère, nous avons beaucoup souffert et personne ne pourra jamais savoir par quelles transes et quelles souffrances horribles nous avons passé.
A la souffrance morale de croire à chaque instant la mort nous surprendre viennent s’ajouter les souffrances physiques de longues nuits sans dormir : huit jours sans boire et presque sans manger, huit jours à vivre au milieu d’un charnier humain, couchant au milieu des cadavres, marchant sur nos camarades tombés la veille.
Ah ! J’ai bien pensé à vous tous durant ces heures terribles, et ce fut ma plus grande souffrance que l’idée de ne jamais vous revoir.
Nous avons tous bien vieilli ma chère mère, et pour beaucoup, les cheveux grisonnants seront la marque éternelle des souffrances endurées ; et je suis de ceux-là. Plus de rires, plus de gaieté au bataillon, nous portons dans notre cœur le deuil de tous nos camarades tombés à Verdun du 5 au 12 mars.
Est-ce un bonheur pour moi d’en être réchappé ? Je l’ignore mais si je dois tomber plus tard, il eut été préférable que je reste là-bas. Tu as raison de prier pour moi, nous avons tous besoin que quelqu’un prie pour nous, et moi-même bien souvent quand les obus tombaient autour de moi, je murmurais les prières que j’ai apprises quand j’étais tout petit, et tu peux croire que jamais prières ne furent dites avec plus de ferveur.
[…]
Ton fils qui te chérit et t’embrasse un million de fois.
Gaston
La Grande Guerre : Souvenirs des Poilus, à nos chers soldats disparus...